Une Azerbaidjan sanglante
Après des semaines de combats brutaux et sanglants entre Arméniens et Azerbaïdjanais dans et autour de l’enclave contestée du Haut-Karabakh, l’arrêt a été annoncé. Face à la défaite, la partie arménienne a plus ou moins capitulé. Les soldats de la paix russes arrivent déjà pour appliquer un nouvel accord de paix.
C’est un moment charnière. La carte militaire et politique de la région du Caucase du Sud a fondamentalement changé. Des vies ont été sauvées. Des centaines de milliers de réfugiés azerbaïdjanais, déplacés par le conflit à la fin des années 80 et au début des années 90, peuvent se réjouir de la possibilité de rentrer chez eux. Mais les Arméniens sont brisés et effrayés.
Et le tableau géopolitique n’est pas si joli: il s’agit d’un accord négocié par deux grands voisins autocratiques, la Russie et la Turquie, qui peuvent désormais l’utiliser pour poursuivre leurs propres agendas auto-agrandis. Pour eux, il s’agit de troupes et de couloirs de transport, pas de personnes. Les États-Unis, bien qu’étant un médiateur officiel, avec les pays européens, sont tenus à distance, payant le prix pour des années de ne pas s’engager dans le conflit.
Le conflit, qui remonte à 1988 dans sa forme moderne, peut prétendre être le différend le plus insoluble d’Europe. Il oppose les aspirations de la région à majorité arménienne du Haut-Karabakh à l’autodétermination au droit de l’Azerbaïdjan au territoire en vertu du droit international. Presque incapables de dialogue, les deux parties ont cherché à régler leur différend par la force des armes. Dans les années 90, la partie arménienne s’est imposée à grands frais; le 27 septembre, l’Azerbaïdjan a pris des mesures militaires pour renverser cette défaite et récupérer les terres perdues.